Est-il possible de penser le développement du territoire autrement que par la centralisation dans les villes ?
Les villes s’étalent et les villages se meurent… J’habite à la campagne, j’ai fait le choix de quitter mon job en ville pour cesser les allers-retours, la perte de temps des transports et retrouver du sens à mon activité. Je revis aujourd’hui. Je développe mon activité avec les gens autour de moi, sur mon territoire et au-delà (entre les villes, là où il y a du blanc sur les cartes, ce blanc qui nie la réalité de la vie). Je suis devenu spécialiste de mon écosystème car je sais ce qui va et ce qui ne va pas et je tisse les liens utiles au développement durable d’une activité locale.
Alberto Magnaghi parle de la bio-région. Ce n’est pas un concept, c’est une réalité qui se vit au quotidien et qui ne doit pas être pensée dans des bureaux depuis la ville. Comment comprendre le rythme de la ruralité, ses inconvénients et ses atouts si l’on n’y réside pas à plein temps. Exemple phare, même s’il est ridicule, la limitation des 80km/h. Faites le test de rouler à cette vitesse sur nos départementales ou nationales (anciennes voies romaines tracées en « coup de fusil »), ces lignes droites sans intersections sur plusieurs kilomètres. Vous comprendrez la sclérose et l’engluage que la ruralité subit par des décisions prises sans connaissance de cause.
La ville a besoin de la ruralité pour vivre, cessons d’imaginer la vie et l’urbanité uniquement du point de vue des villes. Pensons à désengorger cette concentration néfaste pour le développement psychologique et écologique humain.
Observons, à la manière d’Alberto M., les atouts qu’offre chaque territoire au sens de la topographie ou des spécificités, et non au sens des frontières administratives parfois aberrantes. La notion de terroir est le terreau d’un nouveau développement durable et de bon sens pour les petites urbanités. Nous architectes, donnons nous la possibilité d’aider les élus, le plus souvent désemparés voir ignorants des notions de développement ou d’architecture et de paysage, pour maintenir et faire épanouir un hameau, un village, un bourg. La ruralité ne doit pas se résumer en un musée ou des cités-dortoirs.
La notion de service public est ici un point important aussi. Pourquoi devrait-il être rentable partout ? Son rôle n’est-il pas de RENDRE SERVICE à tous ? Bien évidemment qu’un bureau de poste ou une maison de santé sera plus rentable à la ville ! c’est une lapalissade ! Alors qu’en est-il de la mutualisation ? Les habitants d’un village n’ont-ils pas le droit de se soigner ou d’envoyer et recevoir du courrier aussi aisément que le reste de la population ?
La question n’est plus « Qu’est-ce qui fait la ville ». La question est : « Qu’est-ce qui fait la vie, ici ou ailleurs »
Allons nous continuer à développer le territoire en séparant les Hommes, la vie, le travail, la santé, les loisirs… ou bien choisissons nous de créer les conditions du déploiement d’un tissu socio-économique national égalitaire ?
Je pense à toi, tu penses à moi disait la chanson…
Olivier Pommart
Après lecture des contributions, je vois que nous sommes nombreux à penser cela.
Si des politiques ambitieuses de rénovations des bourgs anciens et de liaisons par les transports collectifs prenaient enfin le pas sur les urbanisations périurbaines sans passé ni avenir…
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