Les PLU sont trop fréquemment dévoyés de leur objectif premier, qui est la gestion durable des territoires et des espaces urbanisés, pour devenir avant tout un instrument de police esthétique et de standardisation architecturale. Cela sous l’effet pervers des pouvoirs abusifs de certains élus et de la plupart des ABF, et avec la complaisance de certains bureaux d’études en urbanisme.
Il est aberrant de voir ainsi le nombre d’articles consacrés à l’aspect des constructions qui cumulent prescriptions draconiennes et interdictions diverses et variées, au gré des lubies des rédacteurs. Ainsi aux prescriptions de pentes de toiture, on ajoutera un modèle de tuile imposé (parfois incompatible au regard du DTU !), on saura interdire pêle-mêle toitures terrasses, garde-corps pleins, fenêtres plus larges que hautes, chéneaux encastrés, bardage horizontal (ou vertical!) etc.
L’instruction d’un permis de construire relève dès lors d’un parcours du combattant épuisant où l’on discute pendant des semaines de détails dérisoires, sur la base d’interprétations plus ou moins fallacieuses émanant d’agents instructeurs d’autant plus imbus de leur pouvoir qu’ils sont ignorant de ce qu’est la cohérence d’un projet architectural.
Le résultat de ces pratiques est la banalisation galopante du territoire national par des constructions d’une affligeante médiocrité, qui ne diffèrent guère que par la couleur des enduits et la pente des toitures.
Il serait temps de reconnaître pleinement aux architecte leur compétence professionnelle spécifique, acquise au prix d’études longues et de plus en plus complexes.
Ainsi il est aberrant et contre-productif de soumettre les architectes à un contrôle “architectural“ de leurs projets, qui plus est par des instructeurs qui n’ont aucune compétence pour en juger.
En dehors des périmètres protégés au titre des Monuments Hstoriques (dont la définition mériterait une révision profonde), l’instruction des permis de construire soumis par les architectes devrait être limitée au strict respect des dispositions d’urbanisme, comme cela se pratique dans d’autres pays Européens.
Il faut également revendiquer l’application concrète de la liberté de création architecturale formulée par la loi CAP, et ainsi exiger l’abolition des prescriptions architecturales qui polluent les règlements de PLU, le plus souvent au nom d’une interprétation fallacieuse du patrimoine bâti et de la “tradition“ locale.
NORMAND