Le grand débat, et en particulier la présente possibilité de contribuer offerte aux architectes par l’Ordre est une excellente initiative. Je tiens tout d’abord à préciser en guise d’introduction rapide que si il est heureux de voir des choses nouvelles ressortir, il est surtout nécessaire aujourd’hui de passer à l’action, vraiment, et cesser de rédiger des rapports ou livres blancs.
Pour cette contribution, j’aborderai deux aspects liés à la transition écologique :
- Sur un plan général, l’intégration dans l’architecture de critères environnementaux est aujourd’hui parfaitement connue et documentée, cela par de nombreuses structures associatives, universitaires ou contributions individuelles de professionnels ou d’auto-constructeurs engagés dans cette voie. Certaines techniques de construction et de conception mériteraient probablement d’être encore testées selon les échelles d’applications mais il s’avère néanmoins évident que l’on est aujourd’hui tout à fait capable d’éco-construire. Pourquoi l’architecture dite écologique ne se développe donc pas davantage ? pourquoi est-il si compliqué d’instaurer un grand chantier de rénovation énergétique du parc immobilier ? Pourquoi les architectes continuent à vendre du rêve avec des constructions faites d’aluminium, de PVC, de résine, etc ? Je pense qu’il y a plusieurs raisons qui devraient être débattues (ici sans hiérarchie) :
1. les industriels et les architectes ne remettent pas en question leur mode de production / conception parce qu’ils sont attachés à la survie de leur entreprise (au mieux) ou au profit (au pire).
2. La crainte (voire les préjugés ?) à mon sens non justifiée des professionnels comme des clients d’une trop grande fragilité du bâti construit avec des matériaux biosourcés.
3. La pression des règlementations, normes et assurance qui limite l’innovation et la prise de risque ; il doit être dit que les architectes sont sans doute nombreux à avoir peur de se retrouver en procès si ils innovent.
4. Le processus d’obtention d’un Avis Technique est trop coûteux, les inventeurs quelques soient leurs professions ne peuvent pas concrétiser leur idée, je l’ai constaté à plusieurs reprises en discutant avec des fabricants, des ingénieurs et des architectes.
5. L’enthousiasme des entreprises n’est pas au rendez-vous, je le constate sur les chantiers, les compagnons ne s’épanouissent pas, ils sont devenus des poseurs. Leur créativité est endormie par un processus de conception et de fabrication constipé. Lire Mr Patrick Bouchain sur ce sujet.
6. Le prix pour mal construire est devenu inaccessible, comment bien construire pourrait être possible ? il me semble que les matériaux polluants ou nocifs devraient être davantage taxés, argent qui pourrait être injecté dans l’innovation et le développement d’entreprises engagées.
- Sur le plan particulier toujours dans le même sujet, il faudrait mettre en place un maillage du territoire avec des ressourceries de matériaux de construction ; cela consisterait à récolter et reconditionner les matériaux sur les chantiers, dans la rue et dans les déchèteries. Ils ne seraient pas nécessairement moins chers mais cela mettrait fin à un terrible gaspillage.
Virgile Guenot